Malgré sa mauvaise réputation, l’agressivité peut être une grande alliée dans certaines situations de la vie. C’est grâce à elle que nous trouvons la force de nous défendre. Elle nous aide aussi à communiquer. Malheureusement, elle se manifeste trop souvent par des comportements agressifs. Ces comportements qui semblent incontrôlables peuvent être dangereux pour les autres. C’est pourquoi il faut apprendre aux enfants à exprimer leur agressivité sainement.

Raisons derrière l’agressivité

Lorsqu’un enfant manifeste de l’agressivité, c’est qu’il tente de communiquer. Il veut quelque chose et ne réussit pas à se faire comprendre ou il veut défendre son territoire. Par l’agressivité, il s’affirme, il montre ses limites dans une situation où il ne se sent pas respecté, voire attaqué. Les situations de ce genre sont toutefois nombreuses. Toute sa vie, il se verra imposer des contraintes, devra respecter certaines limites. Dans vos interventions, vous devez donc reconnaître l’importance de l’agressivité et lui laisser une place, tout en apprenant à l’enfant à l’utiliser de façon positive. Tenez à vos consignes et faites comprendre à l’enfant le pourquoi de ces limites.

Facteurs favorisant l’agressivité

Pourquoi certains enfants sont-ils plus agressifs que d’autres? Plusieurs facteurs peuvent jouer un rôle. Tout d’abord, le tempérament de chacun. Nous n’avons pas tous le même seuil de tolérance à la frustration. Ensuite, l’environnement, les modèles sociaux et la maturité du système nerveux. Lorsqu’il faut contrôler son agressivité, des mécanismes dans la région préfrontale du cerveau se mettent en marche. Ils permettent de la freiner, lui évitent « d’exploser ». Heureusement, il est possible d’aider l’enfant à développer cette partie de son cerveau, mais seulement jusqu’à un certain point. En effet, une agressivité excessive pourrait être le signe d’un trouble moteur, d’un trouble de langage ou d’un retard de développement.

Sa propre agressivité

Il faut soi-même être un bon modèle de gestion de l’agressivité. Lorsque vous sentez l’émotion monter en vous lors d’un conflit avec un enfant, vous pouvez lui demander de se calmer de son côté et lui expliquer que vous devez vous calmer vous aussi. Vous n’êtes pas si différents. Parlez à l’enfant de votre agressivité, de la manière dont elle fait partie de vous, des moyens que vous utilisez pour la contrôler.

Voici un livre très intéressant sur le sujet : Il était une fois le pouvoir, Guide à l’intention des intervenants et des parents, de Jocelyne Petit.

L’observation avant l’intervention

Avant d’entreprendre des interventions, il est préférable d’observer la situation. Posez-vous les questions suivantes :

  • À quel ou quels moments l’enfant est-il agressif?
  • Quels sont les signes avant-coureurs?
  • Quels sont les comportements agressifs, les paroles?
  • Envers qui ou envers quoi sont-ils dirigés?
  • Comment se sent-il après le comportement?
  • Est-il capable de bien communiquer?
  • A-t-il le même comportement à la maison?
  • Comment réagis-je à la situation?
  • Quelles sont les répercussions de mes gestes?

Pistes d’intervention

Vos interventions ne doivent pas avoir pour but d’arrêter le geste de l’enfant. Vous devez plutôt agir pour comprendre les raisons derrière ce geste et tenter de le rediriger, de le transformer. Ces suggestions peuvent vous aider, mais gardez à l’esprit qu’il n’y a pas de recette miracle. Lorsque vous le jugez nécessaire, essayez une intervention. Répétez-la à plusieurs reprises avant d’évaluer son efficacité. N’hésitez pas à la changer à tout moment si vous sentez qu’elle n’est plus appropriée, mais rappelez-vous qu’il vous faudra de la patience. Les interventions mettront probablement du temps avant de produire un résultat observable.

  • Être un bon modèle. Refléter dans ses comportements ce que l’on attend de l’enfant.
  • Utiliser un humour sain pour détendre l’atmosphère.
  • Reconnaître l’agressivité de l’enfant. L’aider à mettre des mots sur son mal. Lui faire reconnaître qu’il est fâché et pourquoi. «Tu as le droit d’être fâché, mais…»
  • Faire comprendre à l’enfant que ce n’est pas lui que vous n’aimez pas, mais son comportement.
  • Apprendre à l’enfant à défendre son territoire autrement qu’avec de l’agressivité. Lui apprendre à dire : «non».
  • Lorsqu’il est réceptif, faire des exercices de relaxation avec lui.
  • L’aider à évacuer son agressivité positivement par des jeux où il peut frapper, donner des coups de pied, etc.
  • Dire à l’enfant ce qu’il peut faire au lieu de ce qu’il ne doit pas faire.
  • Permettre à l’enfant de jouer à des jeux de rôles où il peut reproduire des situations de jeux parfois angoissantes, et ce, afin de l’aider à maîtriser ces situations.
  • Lors d’une dispute, aider l’enfant à réparer son geste. Il est important qu’il trouve une solution qui les satisfera, lui et l’autre enfant impliqué.
  • Après un retrait, permettre à l’enfant de réintégrer le groupe de façon passive.
  • Il est parfois nécessaire de faire remarquer à l’enfant le mal qu’il a fait ou la peine qu’il a causée à l’autre enfant : «Regarde les larmes qui coulent sur ses joues.» Éviter toutefois de le faire sentir trop coupable.
  • Éviter les longs moments d’attente.
  • Apporter une attention positive à l’enfant et ignorer les comportements négatifs lorsque cela est possible.
  • Fournir à l’enfant des limites claires et de la stabilité.